Dans la filière viticole ce n’est pourtant pas toujours le cas puisque beaucoup de vins sont d’abord identifiés par leur nom de région ou de cépage tandis que le nom de l’entreprise reste très discret, un rapide coup d’il sur l’étiquetage des bouteilles nous le confirme. Reste donc l’image paysagère qui bien évidemment ne se résume pas à de pures sensations visuelles mais construit, en relation avec l’ensemble des ressources culturelles et particulièrement oenoculturelles, un système de signification qui contribue puissamment à la charge identitaire. Bien sûr, ces deux discours identitaires, celui du marketing comme celui de l’oenoculture, participent à la mise en évidence des qualités du vin, mais tandis que le premier est un outil servant à optimiser l’insertion d’un produit dans une situation commerciale donnée, le second est un relevé d’état dans lequel on pourra trouver à développer un potentiel de relation entre un produit et un groupe humain. Cependant l’espace offre de sérieux avantages dans la qualification identitaire du produit, c’est-à-dire dans la richesse des caractères qui pourront donner du sens au produit.

C’est que le marketing définit une identité de superstructure, la partie la plus visible du produit, la plus apte à être visualisée en fait, c’est-à-dire celle par laquelle la communication est la plus efficace à court terme. Si ces producteurs s’effacent derrière leur produit c’est qu’ils estiment que le niveau de concurrence le plus sévère est celui qui oppose les types de vins et non les exploitations, aussi leur semble-t-il plus efficace commercialement d’afficher d’abord ce qui permet d’identifier le produit et ensuite seulement ce qui identifie le producteur. Réactivation du lien oecouménique (celui de la terre et de son habitant). De plus, nous l’avons vu plus haut, elle recrée le lien symbolique qui rattache l’humanité au sol nourricier. Puisque cette définition très interdisciplinaire a du mal à être admise, pour l’instant par certaines disciplines, il nous faut nous contenter de la notion de territoire qui pour sa part ne souffre d’aucune restriction thématique.

Cette identité est de type biologique, le cépage étant un être vivant qui assure la constance des caractères gustatifs, ce qui conduit le consommateur à établir un rapport assez commun d’être humain à être végétal, tout comme cela se fait pour les fruits ou les légumes. L’identité de marketing transforme le produit (ou son image) en fonction des contraintes du marché, l’identité vitivinicole propose un fonds qualitatif exploitable pour donner du sens au produit et atteindre la sensibilité ou la raison du consommateur. Il n’y a pas que chez le consommateur que l’on peut trouver un danger, les professionnels de l’agriculture sont également sur la sellette. Ce n’est donc pas la nature du produit qui est mise en avant, mais la nature de celui qui produit et la qualité du produit est avant tout présentée comme dépendante de la qualité de l’entreprise. La nature de notre entreprise familiale, l’esprit paysan, l’espace rural, l’habitat plus dispersé, les déplacements en voitures individuelles entrainent bien une gestion différente.

Vin Naturel, Vin Biodynamique, Vin Biologique, Les Différences
Taggé sur :